Le Honduras
A cause de l’immense bouchon rencontré lors des derniers kilomètres effectués au Guatemala, nous arrivons à la frontière avec environ 2 heures de retard par rapport à l’horaire prévu, et l’effet du long week-end pascal se fait sentir ici aussi. Il y a pas mal de monde et il faut faire preuve de patience, car le stress est un mot inconnu des fonctionnaires des douanes… Sinon on devient rodé et le passage de frontière est assez simple.
Il faut d’abord effectuer les formalités d’immigration:
une première file pour obtenir le tampon de sortie du Guatemala sur nos passeports
puis une deuxième file pour obtenir le tampon d’entrée au Honduras, et payer 25 Quetzales par personne
Et il faut ensuite passer aux bureaux des douanes pour les formalités liées à la moto:
d’abord faire annuler l’importation temporaire pour le Guatemala
ensuite effectuer l’importation temporaire pour le Honduras et payer 790 Lempiras en cash
Ils n’acceptent pas d’autres moyens de paiement et il y a des agents de change ambulants à la frontière où il est possible d’obtenir des Lempiras contre des Quetzales ou des Dollars.
Tout se passe bien et après 2 heures de patience on est enfin au Honduras.
Le Honduras est le premier d’une longue liste de pays complètement nouveaux pour nous, car nous n’avons jamais voyagé au-delà du Guatemala sur le continent latino-américain. Alors vive l’aventure !!
Comme déjà dit, c’est le week-end de Pâques et tout est soit fermé, soit bondé. On décide donc de passer 3 jours dans un complexe hôtelier à San Pedro Sula. C’est la deuxième plus grande ville du Honduras mais elle n’a aucun intérêt touristique. De plus elle est considérée comme l’une des plus dangereuses du monde, de part la présence de nombreux gangs.
Nous nous contentons donc de nous reposer des péripéties des derniers jours, en profitant des infrastructures de l’hôtel qui offre plusieurs restaurants, une piscine, un fitness et et un spa. Et Beate en profite pour faire un passage apprécié chez le coiffeur.
Nous quittons San Pedro Sula pour une petite étape qui nous mène sur les rives du Lago de Yojoa où nous passons l’après-midi. C’est le plus grand lac du Honduras. Il se niche dans un superbe site naturel à 635 mètres d’altitude, et est entouré par les montagnes de Santa Barbara et du Cerro Azul Meambar. Les cultures de cafés et la végétation tropicale exubérante qui bordent ses rives lui donnent beaucoup de cachet.
La chaleur caniculaire nous oblige a faire des étapes courtes, de maximum 150km. Aujourd’hui nous nous contentons de 85km pour aller du lac Yojoa à la ville de Comayagua. Cette ville est l’ancienne capitale du Honduras. Elle est renommée pour son architecture coloniale espagnole et pour sa cathédrale, une des plus vieilles d'Amérique centrale. Tout est concentré autour de la place centrale et une demi-journée suffit amplement pour en faire le tour. Et quoi de mieux qu’un petit Mojito au bord de la piscine pour terminer la journée…
Notre itinéraire prend enfin un peu d’altitude et ça fait du bien de rouler par des températures inférieures à 30 degrés. Nous nous dirigeons vers la région Intibucá et faisons étape dans la petite ville de La Esperanza, à une altitude de 1700 mètres, ce qui en fait la ville la plus haute du Honduras. La région est considérée comme le berceau de la culture Lenca, une ethnie indienne du sud-ouest du Honduras aussi appelée ‘Jaguar People’.
Après La Esperanza nous passons deux nuits dans la petite ville de Gracias, qui est le chef-lieu de la région de Lempira. Outre les traditionnelles églises, on y trouve également un petit fort qui a été construit pour défendre la région contre les possibles attaques du Guatemala et du Salvador. On retrouve ici aussi la civilisation des indiens Lenca qui représente plus du quart de la population de la ville. Les plupart des habitants vivent de l’agriculture et de l’élevage du bétail. Près du 80% des ménages cuisinent toujours au feu de bois, et seul une petite minorité possède une voiture. C’est paradoxalement l’une des principales destinations touristiques pour les honduriens, et l’offre hôtelière est relativement bonne.
Le premier jour de roulage de la deuxième année de voyage, et les derniers tours de roues au Honduras ont été un peu différents de l’ordinaire…
Tout d’abord nous avons eu de la pluie durant une partie de la matinée. Rien de bien extraordinaire me direz-vous, mais nous n’avions plus vu de pluie depuis plusieurs mois. Ensuite nous avons roulé par des températures parfois inférieures à 20 degrés, et ça aussi on ne l’avait plus eu depuis plusieurs mois.
Et pour couronner le tout, nous avons eu droit à notre première crevaison depuis le début du périple ! Heureusement vite réparée, bien qu’il ait fallu s’y reprendre à deux fois, la première réparation n’ayant tenu qu’une centaine de kilomètres…
Nous aurons passé exactement une semaine au Honduras et ce pays nous laisse un sentiment mitigé. Grand comme trois fois la Suisse, le Honduras est encore peu touché par le tourisme de masse. Il n’y a pas si longtemps, c’était encore un régime militaire avec une forte influence américaine, et certaines régions sont toujours sous l’influence de gangs et autres cartels qui imposent leurs propres règles. Plus du 70% des honduriens vivent dans la pauvreté et la majorité des services publics et politiques sont rongés par la corruption.
En dehors des grands axes, les routes sont en très mauvais état et elles deviennent vite impraticables en cas de fortes pluies.
Malgré tout ça, nous ne nous sommes jamais senti en insécurité et nous avons pu côtoyer un peuple accueillant et amical, avec toutefois une attitude réservée et introvertie vis-à-vis des touristes que nous sommes.

Le Honduras